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Extrait de Soleil de sang

L'écriture d'un nouveau roman ne doit pas faire oublier le précédent : Soleil de sang.


Ceux qui ne l'ont pas encore lu, précipitez vous sur Amazon !


Et en attendant voici un extrait :


"Entre les dernières rues du vieux port et les terres dévastées subsistait ce qui autrefois était un parc où les enfants venaient jouer et les amoureux s'embrasser. Il s'était créé au cours des siècles pour accueillir les plantes lointaines et les essences que les marins rapportaient de leurs voyages à travers le monde. Abel aimait y venir dans sa jeunesse, c'était un des rares endroits où il parvenait à s'isoler quand le besoin de solitude se faisait sentir, loin du bruit pourtant familier des quais. Il y avait des moments où même le piano ne lui permettait plus de faire le vide... Alors il venait là, au milieu des cerisiers, des magnolias, des camélias et des chênes centenaires. L'été, le parc se peignait de toutes les teintes de vert, mais c'est l'automne qu'il préférait quand les feuilles rouges emportées par le vent dansaient avec l'orange et le jaune, couvrant le sol d'un tapis écarlate, doré et flamboyant. Et lorsque les premières brumes remontaient du ruisseau qui le traversait jusqu'à l'océan, le parc se peuplait alors de silhouettes fantomatiques, et l'ombre et la lumière ne faisaient plus qu'un... Abel aimait y rester des heures, assis sous un arbre, les yeux fermés et se laissant porter par les rires des enfants, et le chant des oiseaux qui s'accordaient avec la complainte lointaine des vagues mourant sur le rivage. Ana n'avait pas connu le lieu dans sa splendeur, et pour elle ce n'était qu'une terre abandonnée où les arbres séculaires n'étaient plus que des troncs décharnés au pied desquels pourrissait un tapis d'écorces. Les racines étaient remontées de la terre asséchée à la recherche de dernières gouttes de vies, mais le ruisseau était devenu le déversoir des eaux acides de la ville moderne. Ses berges n'étaient plus qu'un cimetière où les carcasses de rats morts et de poissons putréfiés s'enlisaient lentement dans une boue souillée. Les couleurs de l'automne s'étaient depuis longtemps barbouillées de gris, et les brumes hivernales avaient été remplacées par des vapeurs empoisonnées."

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